Avec l’aimable autorisation de Michka « vers-la-lumière.fr »
Nous le savons, les peurs sont en nous et sont génétiquement programmées dans notre cerveau qui en ajoute de nouvelles au fur et à mesure des expériences humaines : nos ancêtres préhistoriques nous ont transmis une partie de leur génome et des informations de survie qu’il incluait et nous avons engrangé les peurs de nos ascendants et complétons notre catalogue avec tous les stress de la vie moderne, les stress post traumatiques, les stress professionnels, etc.
Les sciences humaines nous montrent que la peur est un phénomène physiologique parfaitement naturel, utile, et que tous les êtres humains ont peur. Le corps répond à nos peurs par des réactions physiologiques invisibles et par d’autres réactions physiques bien visibles qui affectent notre état.
Certaines de nos peurs répondent à des agents d’agression extérieure tangibles et réels : une voiture qui grille le feu rouge alors que nous traversons un carrefour, un chien qui se rue sur nous en grognant pour nous mordre, une personne qui nous interpelle avec des mots violents, etc. Nos réactions de fuite, d’esquive, de protection, de repli sont toutes très légitimes.
D’autres peurs, moins objectivables, sont dans notre « programme mental » personnel et créent de la peur par anticipation ou par projection : la crainte1, l’anxiété2, l’angoisse3, l’inquiétude 4…Ce sont celles dont nous pouvons peut-être nous demander si elles nous sont vraiment utiles. Notre « travail » au présent est de regarder nos peurs et de nous en libérer si elles n’ont plus de raison d’être. Ainsi de nombreuses peurs de notre enfance ont créé des réflexes psychologiques et comportementaux qui sont inadaptés à notre vie d’adultes et empêchent notre plein épanouissement : peur de déplaire, peur de ne pas être à la hauteur (mais… à la hauteur « de quoi » au juste ?), peur de réussir, peut-être peur d’être bannis, rejetés…
Devons-nous absolument dépasser nos peurs ?
Il me semble que chacun doive choisir sa réponse en fonction de qui il est et de là où il en est de son évolution. Et peut-être pouvons-nous nous poser quelques questions, puisque les bonnes questions apportent toujours en nous les bonnes réponses …
1/ Avons-nous une quête insatiable de linéarité et de contrôle ?
Vouloir à tout prix une vie de bien-être sans vague, sans peur, sans doutes, sans contrariété, etc. est équivalent à ne pas vouloir vivre la vraie vie. Car toutes ces oppositions au calme, à la sécurité, à la certitude, à l’équilibre parfait sont en fait des stimuli et nous font évoluer, avancer, grandir non seulement nous en tant qu’individus mais nous en tant qu’espèce.
2/ Pouvons-nous observer avec lucidité comment nous traitons nos peurs et craintes :
- Est-ce avec mépris, les considérant comme des faiblesses, des trucs de gosse, un manque de maturité, etc. Il peut y avoir ici une démarche d’amour de soi à faire et de revalorisation de l’estime que nous nous accordons. Beaucoup d’entre nous préfèrent nier leurs peurs en faisant semblant d’être forts, en prenant des risques qui ne sont pas ajustés (comme sombrer dans les dépendances, la suractivité ou le sport à haute dose) et ne se donnent aucune écoute intérieure.
- Est-ce bien en face, avec simplicité et dans l’acceptation bienveillante de notre état d’humanité ? Quand nous faisons cela nous pouvons accorder de l’attention à nos peurs et en retirer une réponse, des pistes de croissance, une compréhension sur nous et sur nos réels besoins.
3/ Avons-nous vérifié que notre mental est au calme dans l’ensemble ?
Parfois il est nécessaire de prendre du recul, de relativiser avec une dose de sagesse pour remettre la pensée à sa juste place, celle d’un outil et non celle d’un maître. Car souvent, nous « pensons » que nous avons peur ou que nous « allons avoir peur » et nous croyons fermement à cette pensée. Ce qui nous fait encore plus peur (clin d’œil !)
4/ Pourrions-nous instaurer la confiance à la place de la peur et comment ?
En nous disant que la peur est utile…Pour moi, c’est comme si chaque peur cachait un besoin et qu’elle attirait notre attention pour que nous en prenions soin et que nous l’assumions par nous-même. Donc identifier sa peur ou son angoisse et admettre qu’elle a un message, que je vais tôt ou tard découvrir
En l’accueillant comme telle, même si nous ne pouvons ni la contrôler, ni la raisonner, ni la domestiquer, ça me semble la première piste d’évolution. Chaque peur est comme une pièce à double face. Toute pensée ou situation ou émotion que nous accueillons sans jugement dévoile facilement ce qu’elle cache dans son ombre.
Nous pouvons lister nos peurs et ainsi repérer ce qui est masqué derrière.
- La peur de décevoir est probablement due à une insécurité affective et notre Vrai Moi nous demande de nous aimer comme nous sommes, sans projeter d’attentes sur les autres et tenter de leur plaire en n’étant pas authentiques.
- Notre peur d’échouer peut être en rapport à des situations de rejet familial ou social, exprimant un besoin de notre être que nous l’encouragions, sans espérer être validé par l’extérieur.
- Il se peut que notre peur de ne pas être à la hauteur de ce qui nous attend soit liée à l’entrée dans l’inconnu, notre être en appelle à notre responsabilité de créateur pour explorer le nouveau avec curiosité et audace.
- Notre peur de faire confiance aux autres est sûrement due à des expériences que nous avons analysées comme des trahisons, notre être nous demande la prise en charge de notre vie avec discernement.
Et est-ce suffisant ? Essayez et vous verrez…
1La crainte : Peur à la pensée de ce qui peut arriver.
2 L’anxiété : Grande inquiétude due à l’attente, à l’incertitude.
3 L’angoisse : Très grande inquiétude qui serre la gorge, créant un malaise physique.
4 L’inquiétude : Agitation causée par la crainte, l’incertitude, l’appréhension.